man(1)
. Tout au long de ce HOWTO, une entrée
du manuel sera simplement appelée page de manuel,
quelque soit sa longueur réelle et sans intention sexiste.
Pourquoi écrivons-nous une documentation ? C'est une question bête. Parce que nous voulons que d'autres personnes puissent utiliser notre programme, notre fonction dans une librairie ou quoi que ce soit que nous avons écrit et rendu disponible. Mais écrire une documentation n'est pas suffisant :
man(1)
. Ce HOWTO décrit
ce que vous devez faire pour écrire une page de manuel qui
sera correctement traitée par les outils prévus à cet effet,
dont les plus importants sont man(1)
, xman(1x)
,
apropos(1)
, makewhatis(8)
et
catman(8)
.
La qualité et la véracité des informations sont, bien sûr, de votre ressort. Malgré tout, vous trouverez dans ce guide quelques idées qui vous permettront d'éviter certains pièges courants.
Vous devez connaître avec précision le mécanisme d'accès aux pages de manuel afin de savoir donner un nom correct à vos documents, et d'être capable de les installer au bon endroit. Chaque page de manuel appartient à une section spécifique, dénotée par un simple chiffre. Les sections les plus courantes rencontrées sous Linux sont :
/dev
;/etc/passwd
;Quelquefois, une lettre est ajoutée au numéro de section comme
par exemple "xterm.1x" ou "wish.1tk". Le but
de cette notation est d'indiquer qu'il s'agit respectivement
d'une documentation d'un programme X Window ou d'une
application Tk. Certains programmes d'affichage du manuel
peuvent exploiter cette particularité ; xman
, par
exemple affichera "xterm(x)" et "wish(tk)"
dans la liste des documents disponibles.
S'il vous plaît, n'utilisez pas les sections n, o et l : selon le standard du système de fichiers (File System Standard), ces sections sont déconseillées, utilisez plutôt les sections numériques.
Attention aux éventuels conflits de noms avec des programmes, fonctions ou fichiers déjà existants. Ce serait certainement une mauvaise idée d'écrire un autre éditeur de texte et de le nommer ed, sed (pour super ed) ou red (pour Roger edition). En vous assurant que le nom de votre programme est unique, vous éviterez que quelqu'un exécute votre programme et qu'il lise la page de manuel d'un autre ou vice verca. Vous pouvez éventuellement vous aider de la base de données "lsm" qui recense beaucoup de programmes disponibles pour Linux.
Maintenant que nous savons quel nom donner à notre fichier, la
prochaine décision est de choisir le répertoire dans lequel nous
l'installerons (quand l'utilisateur lancera la commande "make
install"). Sous Linux, toutes les pages de manuel sont dans des
sous-répertoires à partir d'une racine mémorisée dans la variable
d'environnement MANPATH. Les outils de traitement de la
documentation l'utilisent de la même manière que le shell utilise
la variable PATH pour trouver les exécutables. En fait, MANPATH a
le même format que PATH : toutes les deux sont une liste de
répertoires séparés par des ":" (mais MANPATH n'autorise pas de
champs vides ou des chemins relatifs, seulement des chemins
absolus). Si MANPATH n'existe pas ou si elle n'est pas exportée,
/usr/man est utilisée comme valeur par défaut. Dans le but
d'accélerer la recherche et pour garder les répertoires de taille
raisonable, les répertoires pointés dans MANPATH (aussi appelés
répertoires de base) contiennent une multitude de sous-répertoires
nommés "man<s>" où <s> désigne le caractère
correspondant à la section présenté plus haut. Toutes les sections
ne sont pas représentées, il n'y a pas, par exemple de raison de
garder une entrée "mano". Vous pourrez y trouver également
des sous-répertoires appelés "cat<s>",
"dvi<s>" et "ps<s>", qui contiennent
toute la documentation formatée, prête à être affichée ou
imprimée : nous reviendrons sur ce sujet plus loin. Le
seul fichier à être présent à côté de ces sous-répertoires du
répertoire de base s'appelle "whatis". Le but et la
création de ce fichier sera décrit dans la section 11. La
méthode la plus sûre pour installer au bon endroit une page de
manuel de la section "s" est de mettre le fichier dans le répertoire
"/usr/man/man<s>". Toutefois, un bon
Makefile
devra autoriser l'utilisateur de choisir un autre
répertoire de base, disons par exemple par le biais d'une variable
d'environnement que l'on pourrait nommer MANDIR. La plupart des
distributions GNU peuvent être configurées à l'aide de l'option
--prefix=/nom/option
. Les pages de manuels correspondantes
seront alors installées à partir du répertoire de base
/mon/option/man. Je vous suggère d'utiliser une méthode
similaire pour vos réalisations personnelles.
Depuis l'avènement du "Système de fichiers standard" pour Linux (FS-STnd), les choses se sont compliquées. Le FS-STnd 1.2 stipule que :
des aménagements doivent être faits dans la structure de /usr/man pour supporter des pages de manuel écrites dans différentes (ou mutiples) langues.
Ceci est fait en introduisant un niveau de répertoires supplémentaire qui distingue les différentes langues. Citant encore le FS-Stnd 1.2 :
Le nommage des sous-répertoires correspondants aux langues de /usr/man est basé sur l'appendice E du standard POSIX 1003.1 qui décrit la chaîne de caractères d'authentification locale (qui est la méthode la mieux acceptée pour décrire un environement culturel). La chaîne locale se présente sous la forme(Reportez vous au FS-Stnd pour voir quelques chaînes localecourantes.) D'après ces recommandations, nous avons nos pages de manuel dans /usr/man/<locale>/man[1-9lno]. Les versions formatées se trouveraient alors bien entendu dans /usr/man/<locale>/cat[1-9lno] : nous pourrions ne les fournir que pour une seule langue.<langage>[_<pays>][.<jeu-de-caracteres>][,<version>]
TOUTEFOIS, je (l'auteur du document, pas le traducteur) ne peut pas recommander de passer a cette structure en l'état actuel des choses. Le FS-Stnd 1.2 autorise aussi que
les systèmes qui n'utilisent qu'une seule langue et jeu de caractères pour toutes les pages de manuel peuvent omettre la sous-chaîne <locale> et stocker toutes ces pages dans le répertoire mandir. Par exemple, les machines équipées seulement de pages de manuel en anglais codées en ASCII peuvent mettre les pages de manuel (les répertoires man[1-9]) directement dans /usr/man/. Il s'agit en fait de l'arrangement habituel.
Je (l'auteur du document, pas le traducteur) ne changerai pas
ma configuration tant que tous les outils (comme
xman
, info
, tkman
et beaucoup
d'autres) ne seront pas tous adaptés à cette nouvelle
structure.
Laissez-moi vous présenter un exemple que j'expliquerai plus tard. En raison de la nature et du mode de réalisation de ce document, nous ne pouvons pas reproduire les caractères accentués, ni les différents enrichissements du texte (gras et italiques principalement) ; consultez la section traitant des polices de caractères pour obtenir des détails sur ces possibilités.
Voici comment se présente la page de manuel de notre programme
hyphothétique "prout
" :
PROUT(1) Manuel utilisateur PROUT(1) NAME prout - proutibule la bibliotheque plaf SYNOPSIS prout [-plaf] [-c fichier-config ] fichier ... DESCRIPTION prout proutibule la bibliotheque plaf en mouglifiant la table des symboles. Par defaut, la commande recherche tous les segments glurb et les trie par ordre betagonique decroissant afin que le gloupeur gloup(1) les trouve. L'entree symdef est alors compactee selon l'algorithme NABOB. Les fichiers sont traites dans leur ordre d'apparition sur la ligne de commandes. OPTIONS -b N'affiche pas `bidouille en cours' sur la sortie standard pendant le traitement. -c fichier-config Utilise le fichier de configuration fichier-config au lieu du fichier global /etc/prout.conf. Cela supprime aussi l'effet de la variable d'environnement PROUTCONF. -a Traite egalement les en-tetes froutz en plus des segments glurb. -r Mode recursif. Fonctionne a la vitesse de la lumiere, mais necessite plusieurs megaoctets de memoire virtuelle. FICHIERS /etc/prout.conf Fichier de configuration general, pour tout le systeme. Voir prout(5) pour plus de details. ~/.proutrc Fichier de configuration propre a chaque utilisa teur. Voir prout(5) pour plus de details. ENVIRONNEMENT PROUTCONF Si elle existe, cette variable peut contenir le chemin d'acces complet a un autre fichier de con figuration global prout.conf. L'option -c rend cette variable inoperante. DIAGNOSTICS Les messages suivants peuvent etre affiches sur la sortie standard d'erreurs : Mauvais nombre magique. Le fichier d'entree ne semble pas etre un fichier archive. Segments glurb ancien style. prout ne peut traiter que le nouveau style de seg ments glurb. Les bibliotheques GROBOL ne sont pas supportees dans cette version. BOGUES Le nom de cette commande aurait du etre choisi de maniere a mieux refleter sa fonction. AUTEUR Marcel Dugenou <[email protected]> VOIR AUSSI gloup(1), plaf(1), prout(5). Linux JANVIER 1996 1
Et voici les explications promises :
C'est la seule section requise.
Les pages de manuel sans une section "NAME" sont aussi
utiles que des réfrigerateurs au Pôle Nord. Cette section a
aussi un format standardisé constitué d'une liste de
programmes ou noms de fonctions séparés par des virgules
suivie d'un tiret et d'une courte description
(habituellement une ligne) de la fonctionnalité que le
programme (fonction ou fichier) est supposé dispenser. A
l'aide de makewhatis(8)
les sections NAME sont
incluses dans les fichiers de la base de données de
whatis
. makewhatis
est la raison pour
laquelle la section NAME doit exister et pourquoi elle doit
adhérer au format que j'ai décrit. Dans le source groff,
elle doit ressembler à :
.SH NAME prout \- proutibule de la bibliotheque plaf
Le \-
est important ici : le backslash sert a
faire la différence entre le tiret et une marque de césure
qui peut apparaître à l'intérieur du nom de la commande ou
dans la ligne de description.
Attention : en l'état actuel des choses, vous ne
pouvez pas traduire NAME par NOM en français, à moins de
modifier la plupart des programmes makewhatis
existants. C'est bien dommage.
... est censée donner un aperçu sur les options du programme. Pour les fonctions, cette section fait la liste des fichiers à inclure et son prototype pour que le programmeur connaisse le type et le nombre d'arguments ainsi que le type de retour.
Elle explique en détail pourquoi votre séquence de 0 et de 1 est la meilleure de toutes. C'est ici que vous étalez tout votre savoir ! Gagnez l'estime des autres programmeurs et des utilisateurs en faisant de cette section une source d'information sûre et détaillée. Expliquez à quoi servent les arguments, le format de fichier, les algorithmes qui effectuent le plus dur du travail.
Elle donne une description pour chaque option, comment elle affecte le fonctionnement du programme. Vous le saviez, n'est-ce pas ?
Elle indique les fichiers
utilisés par le programme ou la fonction. Par exemple, les
fichiers de configuration, les fichiers de démarrage, les
fichiers sur lesquels le programme agit. Ce serait une bonne
idée de donner les chemins absolus de ces fichiers et
d'avoir un processus d'installation qui modifie la partie
répertoire selon les préférences de l'utilisateur : les
manuels de groff
ont comme préfixe par défaut
/usr/local, donc ils référencent
/usrl/local/lib/groff/* par défaut. Cependant, si
vous installez en utilisant "make prefix=/opt/gnu
",
les références dans la page de manuel change en
/opt/gnu/lib/groff/*.
fait la liste de toutes les variables d'environnement qui affectent votre programme ou fonction et, bien sûr, explique comment. La plupart du temps, les variables contiendront les chemins, nom de fichiers, options par défaut.
Elle doit donner une vue
d'ensemble des messages d'erreurs les plus courants de votre
programme et des éventuelles solutions à ces problèmes. Il
n'est pas nécessaire d'expliquer les messages d'erreurs du
système (de perror(3)
) ou des signaux fatals (de
psignal(3)
) qui peuvent apparaître pendant
l'exécution de tout programme.
Devrait idéalement ne pas exister. Si vous êtes brave, vous pouvez décrire ici les limitations, les inconvénients, les caractéristiques que certains pourraient prendre pour des défauts. Si vous n'êtes pas brave, renommez-la en section "A FAIRE".
Il est appréciable de l'avoir quand il y a des erreurs grossières dans la documentation ou dans le comportement du programme et que vous voulez envoyer un rapport de bogue.
C'est une liste de pages de manuel relatives à l'application citées par ordre alphabétique. Par convention, c'est la dernière section.
Donc comment générer cette page de manuel ? J'attendais cette question, voici le source :
.\" Formater ce fichier par la commande : .\" groff -man -Tlatin1 prout.1 (si vous avez saisi des accents Iso-8859-1) .\" groff -man -Tascii prout.1 (cas general ) .\" .TH PROUT 1 "JANVIER 1996" Linux "Manuel utilisateur" .SH NAME prout \- proutibule la bibliotheque plaf .SH SYNOPSIS .B prout [-plaf] [-c .I fichier-config .B ] .I fichier .B ... .SH DESCRIPTION .B prout proutibule la bibliotheque plaf en mouglifiant la table des symboles. Par defaut, la commande recherche tous les segments glurb et les trie par ordre betagonique decroissant afin que le gloupeur .BR gloup (1) les trouve. L'entree symdef est alors compactee selon l'algorithme NABOB. Les fichiers sont traites dans leur ordre d'apparition sur la ligne de commandes. .SH OPTIONS .IP -b N'affiche pas `bidouille en cours' sur la sortie standard pendant le traitement. .IP "-c fichier-config" Utilise le fichier de configuration .I fichier-config au lieu du fichier global .IR /etc/prout.conf . Cela supprime aussi l'effet de la variable d'environnement .B PROUTCONF. .IP -a Traite egalement les en-tetes froutz en plus des segments glurb. .IP -r Mode recursif. Fonctionne a la vitesse de la lumiere, mais necessite plusieurs megaoctets de memoire virtuelle. .SH FICHIERS .I /etc/prout.conf .RS Fichier de configuration general, pour tout le systeme. Voir .BR prout (5) pour plus de details. .RE .I ~/.proutrc .RS Fichier de configuration propre a chaque utilisateur. Voir .BR prout (5) pour plus de details. .SH ENVIRONNEMENT .IP PROUTCONF Si elle existe, cette variable peut contenir le chemin d'acces complet a un autre fichier de configuration global .IR prout.conf . L'option .B -c rend cette variable inoperante. .SH DIAGNOSTICS Les messages suivants peuvent etre affiches sur la sortie standard d'erreurs : Mauvais nombre magique. .RS Le fichier d'entree ne semble pas etre un fichier archive. .RE Segments glurb ancien style. .RS .B prout ne peut traiter que le nouveau style de segments glurb. Les bibliotheques GROBOL ne sont pas supportees dans cette version. .SH BOGUES Le nom de cette commande aurait du etre choisi de maniere a mieux refleter sa fonction. .SH AUTEUR Marcel Dugenou <[email protected]> .SH "VOIR AUSSI" .BR gloup (1), .BR plaf (1), .BR prout (5).
De nombreux programmes (grep
, egrep
) et fonctions
(printf
, fprintf
,...) sont documentées dans une
seule page de manuel. Cependant, ces pages seraient inutilisables si
elles n'étaient accessibles que par un seul nom. Nous ne pouvous nous
attendre à ce qu'un utilisateur se souviennent que la page de manuel
de egrep
est en fait celle de grep
. Il est par
conséquent indispensable que la page soit accessible sous différents
noms. Vous avez plusieurs possibilités pour y arriver :
groff
fournie par la macro ".SO
".catman
peuvent gagner beaucoup de temps en regardant le type
du fichier et son contenu. Les liens physiques réduiraient l'efficacité
de cet outil (dont le but est de formater toutes les pages de manuel
pour qu'elles soient affichées plus rapidement). La troisième
alternative comporte un piège si vous êtes concerné par la
portabilité, vous devez savoir qu'il existe des systèmes de fichiers
qui ne supportent pas les liens symboliques. En bref,
la Meilleure Chose (TM) est d'utiliser le mécanisme source de
groff
.
Voila comment l'utiliser : si vous voulez que votre page soit
accessible sous les noms truc
et bidule
dans la
section 1, alors mettez la page de manuel dans truc.1
et
réalisez le fichier bidule.1
contenant :
.SO man1/truc.1
Il est important de spécifier le répertoire man1/ aussi bien
que le nom du fichier truc.1
car lors de l'exécution de
groff
, celui-ci aura comme répertoire courant le
répertoire de base des pages de manuel, et il interprètera les
arguments de .SO
comme étant relatifs à cet
emplacement.
Il y a de nombreux ensembles de macros étudiés spécialement pour écrire
des pages de manuel. Ils sont habituellement dans le répertoire de
macro de groff
/usr/lib/groff/tmac. Les noms de
fichiers sont du genre tmac.<quelque chose>, où
<quelque-chose> est l'argument de l'option -m
de groff
. groff
utilisera
tmac.<quelque-chose> quand l'option -m
<quelque-chose>
sera donnée. Souvent, l'espace
entre "-m" et <quelque-chose> est oublié, on écrira
donc groff -man
pour formater des pages de manuel en
utilisant l'ensemble de macro tman.an. Voilà la raison de ce
nom bizarre "tman.an".
En plus de tman.an, il existe un autre ensemble de macro
populaire, tman.doc, originaire de l'université de
Californie à Berkeley (UCB). De nombreuses pages de manuels de BSD
l'utilisent et il semble que UCB en a fait son standard pour la
documentation. Les macros de tman.doc sont plus souples
mais, hélas, il y a des lecteurs de pages de manuels qui ne
les utilisent pas mais qui appellent toujours groff -man
. Par
exemple, toutes les versions du programme xman
que j'ai rencontrées
faisaient la tête devant
les pages de manuels requérant tman.doc. Donc faîtes-vous
une faveur : utilisez tmac.an, utiliser un autre ensemble
de macros est considéré comme hasardeux. tmac.andoc est
un pseudo ensemble de macros qui regarde le source et charge soit
tmac.an ou tmac.doc. En fait, tous les
programmes de lecture du manuel devraient l'utiliser mais
jusqu'à présent, peu le font, aussi il vaut mieux assurer le coup
en se cantonnant au bon vieux tmac.an. Tout ce que je
dirais à partir de maintenant concernant les macros est valable
seulement pour tmac.an. Si vous voulez quand même utiliser
les macros de tmac.doc, voici un pointeur vers leur
documentation et un mode d'emploi très détaillé :
www.bsdi.com/bsdi-man.
Vous trouverez un formulaire de recherche sur cette page. Entrez
mdoc
et il vous trouvera mdoc(7)
et
mdoc.samples(7)
, un didacticiel sur la réalisation des
pages de manuel BSD.
groff
est fourni avec au moins 3 préprocesseurs,
tbl
, eqn
et pic
(certains
systèmes les nomment gtbl
, geqn
et
gpic
). Ils sont destinés à traduire leurs macros
et leurs données en code source troff
standard.
tbl
est un préprocesseur de tableaux,
eqn
en est un d'équation et de mathématiques et
pic
gère les images. Consultez leurs pages de
manuel pour découvrir les fonctionalités qu'ils proposent.
Mais autant être clair : n'écrivez pas de pages de manuel qui utilisent des préprocesseurs.
eqn
produira généralement un résultat catastrophique
sur des périphériques du genre télétype, qui malheureusement
représentent 99% des visualtions de pages de manuel. Par exemple
XAllocColor.3x contient des formules avec des
exposants. A cause de la nature de ces terminaux, l'exposant
sera sur la même ligne que la base. «N puissance
deux» s'affichera "N2".
Il vaut mieux éviter tbl
aussi, car je n'ai jamais vu aucun
xman
qui fonctionne avec lui.
xman 3.1.6
utilise la ligne de commande suivante pour
formater les pages de manuel, par exemple signal(7) :
gtbl /usr/man/man7/signal.7 | geqn | gtbl | groff -Tascii -man \ /tmp/xmana01760 2> /dev/nullqui coince sur toutes les sources utilisant
gtbl
, car
sa sortie est redirigée encore une fois vers gtbl
. Le
résultat donne une page de manuel sans votre tableau. Je ne
sais pas si c'est un bogue ou une particularité de
gtbl
qui s'étrangle sur sa propre sortie ou si
xman
devrait être un peu plus gentil et ne pas
utiliser gtbl
deux fois... De toute façon, si vous
voulez un tableau, formatez-le vous-même et mettez-le entre
les lignes .nf
et .fi
ce qui permettra de ne
pas le formater. Vous ne pourrez pas avoir de gras ou
d'italique par cette méthode mais elle permettra d'avoir votre
tableau dans tous les cas.
Je n'ai jamais vu une page de manuel nécessitant le
préprocesseur pic
mais je n'aimerais pas ça. Comme
vous pouvez le voir plus haut, xman
ne l'utilise pas
et groff
ferait sûrement la danse de Saint-Guy en
voyant les données en entrée.
Voyons les avantages (+) et les inconvénients (-) de quelques possibilités choisies :
groff
.groff
;groff
;groff
;groff
.A mon avis, la meilleure solution est de distribuer uniquement
le code source. L'argument selon lequel la documentation ne
pourra pas être accessible sur les systèmes sans groff
n'a aucune importance. Plus de 500 pages de manuel du Projet de
Documentation de Linux ne sont que sous forme de code source.
Les pages de manuel de XFree86 ne sont disponibles que sous
forme de code source. Les pages de manuel de la FSF n'existent
que sous forme de code source. En fait, j'ai rarement vu des
logiciels distribués avec les pages de manuels formatées. Si un
administrateur a besoin que les pages de manuel soient
accessibles, il aura forcément installé groff
.
Avant tout, n'utilisez pas les opérateurs directs de fonte comme
\fB \fP
, etc. Employez des macros avec des arguments.
Cette méthode vous évitera une erreur classique : oublier un
changement de fonte à la fin d'un mot ce qui provoque la
continuation du gras ou de l'italique jusqu'au prochain
changement de fonte. Croyez-moi, ça arrive plus souvent qu'on
ne le pense !
Les macros tmac.an offrent les possibilités suivantes :
.B
caractères gras.BI
gras et italiques en alternance.BR
gras et romain en alternance.I
italiques.IB
italiques et gras en alternance.IR
italiques et romain en alternance.RB
romain et gras en alternance.RI
romain et italiques en alternance.SM
taille réduite (9/10 du corps normal).SB
gras, taille réduite (NON petit et gras en
alternance)X et Y en alternance signifie que les arguments impairs seront imprimés en X et les pairs en Y. Par exemple :
.BI "Arg 1 est gras, " "arg2 est en italiques, " "arg3 en gras"
Les guillemets sont nécessaires pour placer des espaces dans un argument.
Voilà donc pour ce qui est possible. Voyons maintenant comment
il faut utiliser ces possibilités (des parties ont été
honteusement copiées de man(7)
) :
Bien qu'il existe de nombreuses conventions typographiques pour les pages de manuel dans le monde UNIX, l'existence de plusieurs centaines de pages de manuel spécifiques à Linux définit nos standards :
Pour les fonctions, les arguments sont toujours en italiques, même dans la section SYNOPSYS, alors que le reste est en gras. Vous écrirez donc :
.BI "mafonction(int " argc ", char **" argv );
Les noms de fichiers sont toujours en italiques, hormis dans la section SYNOPSYS où les fichiers à inclure sont en gras. Vous écrirez alors :
.I /usr/include/stdio.h
et
.B #include <stdio.h>
Les noms des macros, qui sont habituellement en majuscules, sont en gras :
.B MAXINT
Lors de l'énumération d'une liste de codes d'erreurs, ces
codes sont en gras. Cette liste fait généralement appel à la
macro .TP
(paragraphe avec titre) comme ci-dessous :
.TP
.B EBADF
.I fd n'est pas un descripteur de fichier valide
.TP
.B EINVAL
.I fd ne convient pas pour être lu
Toute référence à une autre page de manuel (ou à la page courante) est en gras. Si le numéro de la section du manuel est indiqué, il s'écrit en roman, sans espace :
.BR man (7)
Les acronymes sont plus élégants lorsqu'ils apparaissent dans un corps plus petit. Je recommande donc :
.SM UNIX
.SM ASCII
.SM TAB
.SM NFS
.SM LALR(1)
Voilà quelques conseils pour rendre votre documentation plus sûre, plus lisible et plus «formatable» :
groff
trouve des erreurs lors du formatage ?
C'est agréable de trouver dans un commentaire la ligne de
commande qu'il faut taper pour le formatage. Est-ce que la
commande man(1)
affiche des erreurs ou des
avertissements lorsqu'on appelle "man
votre_programme
" ? Est-ce que la façon dont
man(1)
utilise le système de formatage produit le
résultat escompté ? Est-ce que cela fonctionne aussi
bien avec xman(1x)
et tkman(1tk)
?
XFree86 3.1
contient la version 3.1.6 de
xman
qui décompacte les pages avec :
gzip -c -d < %s > %s
zcat < %s > %s
makewhatis(8)
pourra extraire la ligne
de description de la section NAME ?Jetez un oeuil à la commande col(1)
, col
peut enlever ces caractères d'effacement. Pour les impatients,
voici la commande :
$ groff -t -e -mandoc -Tascii manpage.1 | col -bx > manpage.txt
Les options -t
et -e
disent à groff
d'utiliser les préprocesseurs tbl
et eqn
.
C'est inutile pour les pages de manuel ne nécessitant pas de
préprocesseur mais cela ne gêne pas, si ce n'est une surcharge
du processeur. D'un autre côté, ne pas utiliser -t
alors qu'il est nécessaire fera que les tableaux seront très
mal formatés. Vous pourrez même trouver ("deviner" serait un
terme plus exact) la commande nécessaire pour traiter tel ou
tel document groff (pas uniquement des pages de manuel) par le
biais de grog
:
$ grog /usr/man/man7/signal.7
groff -t -man /usr/man/man7/signal.7
En fait, grog
signifie "GROff Guess", et cet outil
fait bien ce qu'il dit (en anglais, guess = deviner...) : il tente de
deviner la commande nécessaire pour formater un document groff
en fonction de son contenu. S'il était parfait, nous n'aurions
jamais plus besoin d'options. Mais s'il arrive qu'il détermine
un mauvais jeu de macros, je ne l'ai par contre jamais
vu se tromper sur les préprocesseurs à employer.
Voici un petit script Perl réalisé par l'auteur de ce document, qui peut supprimer les en-têtes et les pieds de page, ce qui permet de gagner quelques longueurs de papier lorsque l'on imprime de longues et complexes pages de manuel. Sauvez-le dans un fichier nommé strip-header et mettez-le en mode 755.
#!/usr/bin/perl -n
# pour qu'il avale tout le fichier en une seule fois:
undef $/;
# on enleve les sauts de page:
s/\n{4}\S.{50,}\n{6}\S.{50,}\n{3}/\n/g;
# le premier en-tete et le dernier pied de page:
s/\n\S.{50,}\n//g;
# transorme deux ou plus lignes vides consecutives en une seule:
s/\n{3,}/\n\n/g;
# et voila ce qui reste...
print;
Il faut appeler ce programme en tant que premier filtre après la comande man, car il se base sur le nombre de sauts de ligne issus de groff. Par exemple :
$ man bash | strip-headers | col -bx > bash.txt
$ groff -t -e -mandoc -Tps manpage.1 > manpage.ps
Imprimez-la à l'aide de votre imprimante PostScript préférée
ou d'un interpréteur. Voir la section précédente pour les options.
apropos
et whatis
? Supposons que vous recherchiez les compilateurs installés sur votre système et comment les invoquer (nous considérons le cas courant, où tout le manuel est en langue anglaise). Pour répondre à cette question (fréquemment posée), il faut faire :
$ apropos compiler
f77 (1) - Fortran 77 compiler
gcc (1) - GNU C and C++ compiler
pc (1) - Pascal compiler
apropos
et whatis
sont utilisées pour
obtenir une réponse rapide sur les pages de manuels qui
contiennent des informations sur un certain sujet. Les deux
programmes cherchent dans des fichiers nommés
whatis qui sont dans chaque
répertoire de base du manuel. Comme je l'ai déjà dit, les
fichiers de la base de données whatis contiennent une
entrée d'une ligne pour chaque page de manuel dans
l'arborescence des répertoires successifs. En fait, cette
ligne est exactement celle de la section NAME (pour être
précis : tout est réduit à une seule ligne et le tiret
est supprimé, la section étant placée entre parenthèses). Ces
fichiers sont créés à l'aide du programme
makewhatis(8)
. Il en existe plusieurs versions, donc
référez-vous à la page de manuel du programme pour connaître
les options possibles. Afin que makefile
puisse
extraire les sections NAME correctement, il est important que
vous, le rédacteur du manuel, respectiez le format de cette
section décrit dans la partie 2. La différence entre
apropos
et whatis
est ce qu'ils recherchent et où.
apropos
(qui est l'équivalent de man -k
)
cherche la chaîne de caractères qui lui est passée en argument
n'importe où dans la ligne alors que whatis
(équivalent de man -f
) recherche dans la
partie avant le tiret un nom de commande complet. Par
conséquence, whatis
dira s'il y a un manuel de
cc
mais restera muet pour gcc
.
C'est bien sûr à vous de décider si vous allez rédiger votre
manuel en français, en anglais ou dans ces deux langues. Le
français possède des règles typographiques très différentes de
l'anglais : n'espérez pas pouvoir les respecter avec les
outils de formatage du manuel. Consultez la documentation de
groff
si vous désirez lui faire prendre en compte les motifs
de césure de la langue de Molière, mais en ayant conscience
que ce ne sera sans doute pas possible sur tous les systèmes
sur lesquels votre documentation est susceptible d'être exploitée.
Vous pouvez utiliser les caractères accentués, pourvu qu'ils soient
saisis selon la norme ISO-8859-1 (standard sous Linux). Les
pages devront alors être formatées avec l'option -Tlatin1 .
Mais il faudra que toute la chaîne de visualisation soit
capable de gérer les caractères ISO sur 8 bits, ce qui est
rarement le cas sans une configuration particulière des
utilitaires more
ou less
généralement
employés.
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